La Fury est l’aile de speed-riding pour pilotes confirmés à experts de chez LEVEL WINGS, une toute nouvelle marque créée par François Bon, un pionnier du speed-riding et concepteur de renom, à qui on doit déjà les ailes devenues des références dans le speed-riding : les Gin Nano et Fluid, et les Neo S-Ride et X-Ride.
François Bon n’en est pas à son coup d’essai. Fort de son expérience en conception depuis les années 2000 chez Flying Planet, Aerodyne puis Gin et Neo, ainsi que de pratique du speed-riding, speedflying et du vol libre en général, il décide de se lancer dans sa propre marque afin de pouvoir laisser libre court à sa créativité et nous présenter des ailes abouties et sans concession, qui collent parfaitement à la pratique.
On découvre donc pour la partie speed-riding la « Fizz », aile pour pilotes débutants à intermédiaires, voire même confirmés, et la « Fury », aile destinée aux pilotes confirmés à experts et compétiteurs.
Pour la partie speedflying et mini-voile, la « Flame », qui se décline en de nombreuses tailles allant de 9 à 19 m2. Et pour compléter cette gamme, une sellette réversible polyvalente qui s’adaptera autant au speedriding qu’aux grands vols.
Nous avons eu la chance de rencontrer François Bon à Val d’Isère et de tester la « Fury » en taille 9 et 10, elle existe aussi en 8 et 12 m2.

La conception
Le poids est la première chose qui interpelle en prenant en main le speed-bag (très bien conçu d’ailleurs), la voile est très légère !
La qualité est aussi au rdv, François Bon a confié la fabrication de LEVEL WINGS à l’atelier Aerodynamics, au Sri-Lanka, qui fabrique notamment Hannes Papesh et BGD, réputés pour la qualité de leurs produits.
Les élévateurs 3 brins de la Fury sont simples mais propres, de longues et fines sangles noires qui ne sont pas sans rappeler celles de la Fluid. Un code couleur permet de différencier les avant (rouge) des arrières (bleu).
Les commandes de freins rappellent, elles aussi les Fluid et X-Ride. Elles sont ergonomiques, munies d’une boule (plus petite que sur la X-Ride) et connectées aux élévateurs par un aimant plutôt efficace, mais qui trouve ses limites dans des manipulations brutales.
Le réglage d’origine des commandes de freins est assez long et il ne faut pas hésiter à les raccourcir un peu, car même si le contact est finalement assez direct, le débattement est long et il faut pouvoir garder un contact permanent à ski.
Un élastique vient relier la commande à la base de l’élévateur, pour éviter les tours de commandes et faciliter leur prise en main. Les pilotes qui n’aiment pas ces élastiques n’auront qu’à les couper.
Les trims font une dizaine de centimètres et sont placés assez bas pour permettre de les manipuler en gardant le contact nécessaire aux commandes, et ainsi éviter à l’aile de dépasser. Le grand débattement aux commandes fait qu’on a rarement besoin de les manipuler pendant le run.


Les suspentes sont entièrement dégainées et en dyneema de chez Liros, qui possède un tressage plus serré et plus de brins que la plupart des suspentes en dyneema classique, ce qui limite la rétractation et l’effilochage.
Le cône de suspentage est très court et donne une grande réactivité à l’aile sur l’axe de roulis.
La voile est conçue, pour l’intrados et l’extrados, en tissu Dominico 30D, reconnu pour sa légèreté et sa très faible porosité. Les renforts et diagonales internes sont en tissu Porcher Skytex 40HF, réputé pour sa grande résistance à la déformation.
Une conception habile qui offre un bon compromis poids/robustesse et permet d’avoir une aile légère qui se fait oublier à ski, mais résistante aux contraintes du speed-riding.
L’allongement de 3.6 rend l’aile performante mais reste raisonnable.
Le nombre de cellules (26) est assez important comme sur la plupart des ailes performantes modernes, mais sans exagération.
Le bord d’attaque est profilé par des joncs souples, on n’a donc pas peur de les plier en rangeant son aile.
La conception interne de l’aile semble assez novatrice et très travaillée pour maintenir un profil stable sans surcharger l’aile, mais nous n’en saurons pas plus car on entre là dans les secrets de fabrication !
La sellette réversible est intelligemment conçue pour pouvoir servir aussi bien en speed-riding qu’en parapente. Elle possède tous les accessoires et fonctionnalités idéaux pour chaque pratique.
Voyez par vous-mêmes : http://www.speedfly.org/levelwings/fusion/

Le comportement
Le gonflage est assez classique, l’aile écope bien mais demande un peu de vitesse pour bien monter au-dessus de la tête, surtout en terrain plat. En pente raide, la montée est bien évidemment plus rapide, et comme avec beaucoup d’ailes, il faudra la tenir aux freins sans tarder sous peine de la voir dépasser.
Si on part détrimé ou mi-trims, il sera d’autant plus nécessaire de la tenir aux freins et relever les mains progressivement, au fur et à mesure qu’on prend de la vitesse.
La prise en charge se fera lorsqu’on le souhaite, en affichant du frein. Il lui faudra bien évidemment un peu vitesse, mais si on doit décoller rapidement, on pourra compter sur une bonne prise en charge en affichant franchement du frein.
Sans frein, la prise de vitesse est énorme et le piqué nous laisse cloués au sol un bon moment, retardant la prise en charge au maximum, même en étant trimé.

En vol
Une fois en l’air, la Fury semble avoir un bon plané en freinant suffisamment, ou en tirant un peu sur les arrières pour garder la vitesse. N’ayant pas nos repères habituels, il a été difficile d’être précis sur cette mesure, mais nous sommes en tous cas être sûrs que le plané est largement suffisant pour la plupart des spots de speed-riding, et que peu d’ailes possèdent un plané supérieur.
Le pilotage est ultra-précis, que ce soit sur l’axe de roulis où elle est extrêmement réactive, ou sur le dosage du piqué-plané qui se gère facilement et avec précision grâce au grand débattement des commandes, qui d’ailleurs sont assez fermes.
L’aile est aussi bien réactive à la sellette et on prend vraiment plaisir à voler près du sol avec une grande sensation de sécurité, grâce à cette précision et à une excellente ressource.
La ressource à toujours été le point fort des ailes conçues par François Bon, et la Fury ne déroge pas à la règle, bien au contraire. Même sans grande prise de vitesse, la ressource est déjà présente et rassurante, mais après une prise vitesse maximum, on se croirait dans « Space Mountain ». En enfonçant fermement et profondément les commandes, on se sent catapulté vers le ciel !
Les tonneaux dans la ressource sont du coup extrêmement jouissifs et même rassurants, car l’aile tourne très rapidement.
Même sous la 10 m2 avec une charge alaire assez faible, le tonneau est rapide. Qu’on veuille tourner vite ou en douceur, il est fluide et se referme bien, n’engendrant pas de grosse perte d’altitude en sortie. Pensez tout de même à bien tenir vos skis si vous êtes un peu bruts à la commande.
Sous la 9 m2, le tonneau est super rapide et nerveux. Il faudra donc être fin, précis et pas trop brutale sur un débattement plus court, en tous cas au début. On s’étonne aussi moins de voir Omar Zaiter envoyer des tonneaux dans la ressource au ras du sol une fois qu’on connaît le comportement de cette Fury. Mais n’oublions tout de même pas qu’Omar est un champion de speed-riding !
Voler avec la Fury est donc un pur plaisir, ce qui n’est pas forcément le cas avec toutes les ailes de speed-riding.

À ski
Replaquer précisément, que ce soit en pente douce ou raide, est très aisé avec la Fury. La gestion de l’angle de plané et l’excellente ressource permettent de reposer les skis au sol à l’endroit souhaité. On peut poser très court, en douceur et même en remontant la pente grâce à la ressource. Il ne faut pas hésiter à aller jusqu’au bout du débattement pour casser le plané et réduire la distance de posé.
Attention tout de même au débattement plus court sur les 9 et 8 que sur les 10 et 12.
Une fois les skis au sol, la Fury ne demande qu’à aller de l’avant et il faudra remonter les mains en douceur en même temps que vous accélérez pour ne pas laisser l’aile vous passer devant.
Une gestion constante du tangage est nécessaire, surtout lorsqu’on détrime, mais c’est ce qui permet à l’aile d’avoir une si grande plage de piqué exploitable entièrement aux commandes.
Les basses vitesses sont très bien tolérées par la Fury et on peut vraiment skier extrêmement lentement même dans des pentes raides sans se faire décoller de manière intempestive. Il ne faut pas hésiter à mettre du frein, la voile supporte un freinage très important même à faible vitesse, et le point de décrochage est difficile à atteindre. Le débattement un peu plus court de la 9 rend ce point plus proche, mais elle est aussi plus maniable dans ses changements de direction à basse vitesse.
En petites courbes, la voile suit bien le pilote et il ne faut pas hésiter à mettre de la commande du côté souhaité pour lui ordonner de tourner avec vous sur l’axe de lacet, elle s’exécutera.
La Fury est très maniable et avec un peu de pratique, un pilote expérimenté pourra vraiment skier sans crainte où il le souhaite.


En grandes courbes, l’aile est très à l’aise et il n’y a pas besoin d’insister pour qu’elle se place sur la tranche. On peut vraiment accélérer fort sans se faire porter ou être gêné par la voile, même lorsque la pente devient plus forte ou si l’aile est trimée avec une faible charge alaire.
Le piqué est vraiment impressionnant, et quand bien même on se laisserait emporter par la vitesse, on peut freiner très brutalement à ski sans que l’aile n’en soit perturbée, du moment que vous adoptez les bons gestes en la retenant fortement aux freins.
Le délestage est lui aussi très bien toléré par la Fury. Aucune crainte à avoir en arrivant face à une petite butte ou un saut de barre mal anticipé, tant que vous restez dans un pilotage actif. Ce n’est pas une aile de débutant , il faut donc constamment la piloter. Mais une fois bien prise en main, vous pourrez faire face à presque toutes les situations.
Trimée ou détrimée, l’aile garde un comportement cohérent et similaire avec bien sûr un piqué accru en détrimant. Plus on ouvre les trims, plus l’aile veut plonger et plus il faudra gérer le tangage en bridant ses ardeurs aux commandes. Pensez toujours à éviter de relever les mains trop brutalement, sous peine de la voir vous dépasser et fermer (seulement lors des phases de ski au sol bien entendu), même si elle se regonfle immédiatement.
Skier avec la Fury est donc très plaisant et on sent qu’elle à été conçue pour des pilotes qui aiment le ski, autant à basses vitesses dans des endroits improbables que pour se tirer la bourre avec les potes dans des grands champs de peuf.
La Fury reprend les atouts de la Fluid et de la X-Ride en laissant de côté la plupart de leurs défauts.
En comparaison avec la Fluid 9.5, la Fury 10 est plus piqueuse, a une meilleure ressource, un meilleur plané, tolère mieux les basses vitesses, tourne mieux le tonneau et est aussi réactive, voire plus.
Par rapport à la X-Ride, elle a un meilleur plané, une meilleure ressource, plus de roulis et de maniabilité, et une meilleure tolérance aux basses vitesses.

L'essai en vidéo
À pied
La Fury n’est pas une aile de speedflying et pour le vol à pied, LEVEL WINGS propose la Flame, même en petites tailles.
Grâce à sa ressource et sa grande plage de plané aux commandes, il est envisageable de voler à pied avec la Fury, mais uniquement pour les pilotes experts qui maîtrisent bien le vol à pied avec des ailes de speedriding très piqueuses et en restant raisonnable sur la taille de l’aile.
Avant de tenter de décoller avec à pied, il faudra bien connaître l’aile à ski et bien penser à gérer le tangage pour ne pas se laisser dépasser par l’aile sur des décollages en pentes raide.
Comportement
Domaines
On aime
- Piqué
- Ressource
- Tonneaux
- Basses vitesses
- Précision et réactivité
On aime moins
- Tendance à dépasser
Conclusion
Fort de son expérience de concepteur et de rider, François Bon ne nous déçoit pas avec cette Fury. Une aile qui possède tout ce qu’on demande à une aile de speed-riding, avec du caractère en prime. Tout comme les Fluid et X-Ride ont été des références dans le milieu, la Fury repousse les limites et devrait rapidement s’imposer comme la nouvelle référence de l’aile de speed-riding pour pilotes confirmés à experts.
On n’a pas fini d’entendre parler de LEVEL WINGS.
